La langue française, la cible à abattre en Suisse romande
La guerre à la langue française en Suisse romande est comparable à une partie de chasse impitoyable où l’on tire à vue sur tout ce qui lui ressemble de près ou de loin, une traque à mort par les « baroudeurs » décomplexés du tout-anglais de la « pub et du fric » (dixit Michel Serres) – la cinquième colonne yankee - qui, par le biais d’une manipulation tous azimuts, ont réussi à imprimer dans le mental d’une population romande « anesthésiée » le message absolument mensonger, aliénant et infériorisant selon lequel « sans l’anglo-américain, nulle chance de salut ».
Invisibiliser la langue française signifie la remplacer partout où elle interagit le mieux avec ses locuteurs, là où elle crée les échanges sur le domaine public mais, ô malheur, c’est là qu’elle offre le plus facilement prise à la rage destructrice de ces pourvoyeurs de « globish » qui sont en train de briser toute la trame lexicale et syntaxique d’un idiome devenu, en un rien de temps, un français créolisé, dégénéré… avant son remplacement définitif par la langue de « l’envahisseur ».
La coupable absence de réaction des parlementaires romands à Berne ainsi que la chape de plomb imposée par les médias locaux, qui sont majoritairement sous occupation mentale anglo-saxonne, ainsi que la mauvaise foi et l’irresponsabilité d’une élite pareillement et profondément contaminée, contribuent en ce moment à un « saccage » langagier sans précédent si l’on songe qu’il n’est :
- Plus aucune enseigne en français dans les grandes et moyennes villes romandes où une langue étrangère vous refuse le droit le plus légitime de vivre pleinement votre propre langue au sein de l’environnement culturel qui est le sien… environnement où ne subsisteront à terme, à l’image du centre de Lausanne et de sa banlieue, plus que les noms des rues et des avenues dans le parler du cru, quelques « vestiges » pour les générations montantes, en somme.
- Plus un seul commerce sans le moindre article ni la moindre publicité dépourvus d’accroches en anglo-américain, procédé sournois « d’asphyxie » linguistique et de recadrage mental auquel fait écho la variété assourdissante et dégradante d’une Radio Swisscom qui fait marcher au pas une clientèle romande pitoyable dans son inféodation. Quant à la chanson d’expression française, elle est passée à la trappe. -
- Plus aucun espace sur la « Toile » (le Web) avec son invariable et incompréhensible « pidgin » qui agit à l’instar d’une véritable « dictature » sur les esprits. La dissolution de l’identité étant la première étape vers la colonisation, les Romands sont en train de liquider leur patrimoine culturel pour se jeter dans les griffes des tenants d’une idéologie anglo-saxonne dont les desseins de prédation planétaire ne sont plus à démontrer (cf. le sinistre discours de Churchill à Harvard en 1943).
- Plus aucune marque proprement helvétique qui ne soit passée au « laminoir du tout-anglais » au mépris du français qui est pourtant la seule langue officielle de Suisse à avoir une envergure internationale du fait de son appartenance à l’immense espace géostratégique que constitue la Francophonie mondiale.
- Plus aucune institution, tant privée que publique, qui ne soit happée par le parler du « dépeçage » langagier dans une Helvétie devenue un Etat de non-droit linguistique, un pays où un nouvel impérialisme livre une guerre sans merci aux idiomes en place, qui n’ont plus qu’à se taire… ou à se terrer.
- Plus une oasis où vous réfugier afin de vous dégager de ce tout-venant déshumanisant qui vous poursuit à la trace pour mieux vous broyer comme il le fait de l’individu le plus réfractaire à tout conditionnement.
Philippe Carron