La « Loi 96 » adoptée au Québec

Véritable révolution attendue dans toute la Francophonie, l’Assemblée nationale québécoise a adopté le 24 mai 2022 le projet de loi 96, qui réforme notamment la Charte de la langue française – appelée aussi Loi 101 - près de 45 ans après sa création. Cette loi, qui est entrée en vigueur le 1er juin 2022, inscrira désormais la spécificité du Québec dans la Constitution du Canada.

Le ministre de la Justice et de la Langue française Simon Jolin-Barrette, à l’origine du projet de loi, a réitéré la nécessité « de bonifier en profondeur tous les chapitres de cette loi fondamentale » qu’est la loi 101 au moyen d’une réforme « costaude ». "La réforme proposée par le projet de loi 96 est « la plus importante » depuis l’adoption de la Charte de la langue française, qui avait été adoptée en 1977 par le gouvernement de René Lévesque sous l’impulsion du ministre péquiste* de l’époque Camille Laurin", a-t-il fait remarquer. « La loi que nous adoptons aujourd’hui représente le début d’une grande relance linguistique qui permettra à la nation québécoise de continuer d’exprimer pleinement son identité et ses valeurs », a-t-il souligné à la presse.

*Du Parti québécois

En outre, le ministre Jolin-Barrette en personne a été reçu le jeudi 23 juin par l’Académie française où il a brillamment exposé, devant un parterre d'académiciens et de 150 invités, de quoi était faite la nouvelle mouture de la Charte de la langue française, ou loi 101, revue par le gouvernement Legault cette année. Il est exceptionnel de voir un élu qui n'est ni chef de gouvernement ni chef d'État recevoir l'honneur d'être invité à s'adresser ainsi aux membres de l'auguste assemblée, qui réunit l'élite de la littérature d'expression française.   
Il est évident que la loi récemment adoptée - et qui crée un véritable ministère de la Langue française - a apporté son lot de controverses tout au long des débats, les uns trouvant qu'elle ne va pas assez loin, les autres estimant qu'elle va trop loin. Cependant, il est navrant qu’il faille recourir à une loi pour défendre la langue française chez elle, cette langue qui innerve tout le tissu sociétal du Québec et qui a forgé l’identité, la singularité et la dignité de tout un peuple. L'esprit de « la loi 96 » consiste justement à faire de la langue française le code commun de communication de tous les Québécois entre eux, de même que la langue normale et usuelle de l'administration publique, du commerce, des affaires, du travail et de l'éducation.
  

Philippe Carron  
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