La traduction semi-automatique pour sortir du tout-anglais dans les sciences.


Les temps sont révolus où l’on ne pouvait traduire automatiquement du français dans une autre langue, même pour des ouvrages scientifiques. 

Il est évident que c'est dans sa langue qu’on peut exprimer les réflexions les plus poussées, les plus raffinées.  Écrire dans une autre langue que la sienne, langue apprise sur le tard, donc hors sol, signifie affadir, affaiblir, « bousiller » son travail. Il est évident que la langue de la véritable création est la langue maternelle. Communiquer en anglo-américain à l'échelle mondiale, c’est une  façon d'offrir, en individus  dociles atteints du « complexe du colonisé », la domination universelle du savoir, de la technologie, de la communication et de la culture au colonisateur qui, lui, en effet, est atteint du « complexe du colon », syndrome inverse mais ô combien destructeur. 

C'est au nom de la communication planétaire que l'on détruit une véritable communication entre les gens. Au nom d'une communication virtuelle avec tous, on se rend incapable d'un échange authentique avec qui que ce soit, même pas avec sa concierge. Et cette nouvelle liturgie, on nous la présente comme le sésame censé régler tous les problèmes de l’Humanité, alors qu’elle ne fait qu’élargir le fossé entre les individus. 

En matière de traduction automatique, si les travaux rédigés en français sont solides et bien ficelés,  ils interpelleront la communauté concernée, quelle qu’elle soit. C’est là qu’interviendra  alors  cette même traduction, qui s'occupera  ensuite d'établir les ponts et servir de relais. 

Pour ce qui est de l'Union européenne, qui a mis l'anglais au centre de tout, véritable coup d’État linguistique, aussi illégitime qu'illégal, monté de toutes pièces par sa commissaire en chef alors que le Royaume uni a quitté le navire, scandaleux pied-de-nez au plurilinguisme, le grand Umberto Eco ne disait-il pas, avec raison, que la traduction devait être la langue de l'Europe, ce pont et ce relais entre des peuples si divers par leurs particularités et langagières et culturelles? Osons enfin sortir du fantasme du tout-anglais dans les sciences, c'est le pluralisme qui en ressortira grandi !!!


Notre collègue défenseur de la langue français et chercheur à « l'Institut de recherche pour le développement » (IRD) et spécialiste de la traduction, Nicolas Bacaër, insiste sur le passage obligé vers la traduction automatique, lui qui a testé cette technique ô combien sûre et convaincante en traduisant systématiquement, et avec succès, ses nombreux ouvrages scientifiques vers d'autres langues 

Lien vers son site   >  https://ummisco.pages.ird.fr/france/bacaer/ 

Philippe Carron 
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